Les chômeurs anonymes (part 5)

Je suis sûre qu'ils vous manquaient...

Six mois ce sont passés depuis le début du camp de redressement pour chômeurs récalcitrants. Cela pourra en surprendre certains mais le temps c'est de l'argent et pendant ces 6 mois nos chômeurs n'étaient absolument pas prêts à affronter les gentils recruteurs bienveillants. Toutes les étapes précédemment évoquées font qu'aujourd'hui ça y est : nous sommes enfin prêts à entamer une recherche active. Pour cela il y a un nouveau programme à suivre : le co-coaching!

Une fois par semaine, un groupe formé après moults réunions internes et débats managériaux se retrouve pour s'auto-motiver. Le groupe est animé par Miguel. Dès que j'ai vu Miguel, j'ai compris que cette nouvelle étape sentait la mouise.

Miguel est un artiste! Il est danseur de flamenco dans un cabaret du Kremlin Bicêtre. Comme il ne vit pas encore de son Art, il se contente de ce poste de consultant RH pour subvenir à ses besoins (ça ne s'invente pas !).
Miguel est un jeune homme habillé d'un slim blanc (taille 32?), chemise en soie ouverte sur un torse parfaitement épilé, le brushing toujours impeccable et chaussé de Minnetonka (vous savez les boots à frange de Kate Moss!)

Il est sympa Miguel mais il ne faut pas lui mettre la pression car il ne supporte pas. De plus, il a horreur des mâcheurs de chewing-gum : nous voilà donc cloîtrés pendant 3 heures pour évoquer nos recherches d'emplois respectives. Nous échangeons nos contacts et autres informations des plus importantes : qu'est devenue la chanteuse Anastacia? Comment était l'ambiance sur le shooting avec Sharon? Tu as les coordonnées de Cécilia Attias, il faut absolument que je lui propose de collaborer avec moi. T'as vu Luc Besson ouvre sa boîte de com' : il va sûrement recruter.....

Nous avons enduré ces réunions pendant 3 longs mois. Autant vous dire que personne n'a trouvé de poste. Il y a eu 4 portés disparus immédiatement remplacés par de la chair fraîche. Nous avons consommé 1390 cachets de paracétamol. 3 d'entre-nous ont définitivement sombré dans l'alcoolisme et Gérard (le philosophe) vit désormais en ermite quelque part en Auvergne.

Quant à moi, mes chers lecteurs, je me suis fait pourrir d’injures lors des entretiens que j’ai passé depuis. Pourtant, j’ai tout fait comme ils m’avaient dit....